Le Druidisme
1) Le Druidisme est une tradition spirituelle « première », une foi européenne « native » mais aussi une tradition qui honore l'inspiration, l'intuition et qui est connue pour avoir
refusé de figer l'esprit dans la lettre. Il s'agit d'une tradition adaptée à notre environnement, à nos rythmes, à nos sensibilités.. Le druidisme actuel situe son origine dans la
tradition des Druides antiques de l'âge du fer dont nous nous considérons comme les héritiers. Nous sommes les héritiers de nos Ancêtres, directement ou indirectement, nous allons sur les
mêmes lieux, nous prions les mêmes Divinités, nous nous nourrissons des mêmes énergies et des mêmes symboles. Mais la grande majorité des groupes druidiques actuels tirent leur filiation
de l'un ou l'autre des « re-fondateurs » du druidisme moderne c'est à dire, Iolo Morganwg, Henry Hurle et John Toland. Le Druidisme s'appuie sur le mythe celte qu'il explique et exprime à
travers le rituel.
2) Le Druidisme est une religion pour les uns, une pratique spirituelle pour d'autres. Il est d'essence païenne et mets l'accent sur les liens qui unissent les Druides et la Terre, le
« pays » (pagus). Pour nombre de Druides, ces liens ne sont pas simplement fortuits mais « sacrés ». Le Druide honore la Terre parce qu'elle porte à la fois la mémoire des ancêtres,
les symboles du Monde des Dieux et les pouvoirs de la Vie. Le pays (pagus) où vit le Druide est un lieu d'esprits, ceux de la Nature, ceux des anciennes mémoires, des ancêtres
(ce et ceux qui nous constituent ) et de leur héritage, ceux des Dieux. Le Druidisme est héritier de modèles, de mythes, de traditions anciennes dans lequel il puise l'inspiration
et la force. Mais il est aussi ouvert au Monde, à la « modernité » et aux grands mouvements de la Vie. Le Druide trouve là de quoi nourrir sa créativité, les profondeurs de sa
compréhension et la Sagesse qu'il met au service des Hommes, de la Vie et de l'Esprit.
3) Le Druidisme ne se situe pas hors du Monde, il ne considère par le Monde comme un lieu de déchéance ou d’expiation mais au contraire comme le lieu où l'Homme peut accomplir son destin.
Une tradition qui cherche à réconcilier l'Homme avec ses racines et ses lieux de Vie. Le Druide s'attache à vivre en harmonie avec l'Univers, avec son environnement, avec la Nature considérés
comme expression de l'Ordre sacré des choses. De même il considérera la Vie, toutes vies, comme participant au souffle de la grande force de Vie universelle, qui est le souffle des Dieux.
4) Ceux qui pratiquent le Druidisme se sentent très souvent liés à leurs racines, à leur héritage, à une Terre, mais souvent aussi, ils ont conscience des liens qui les unissent à toute forme de Vie,
à l'esprit du temps et à la volonté des Dieux. Le Druidisme est adogmatique, il ne cherche pas à fixer l'esprit des Dieux dans une seule expression. Il admet volontiers la pluralité et la
richesse des expériences spirituelles tout en reconnaissant ce qui fait de lui une voie unique et authentique, qui se suffit à elle même.
5) Le Druide a pour principe premier que l’Ananmenon, « l’Innommé » ou l'Angegnon, « l’Incrée », est. Il n’est accessible à notre raison humaine que par ses hypostases multiples, dont les plus
transcendantes sont les Dieux, et ainsi le druidisme honore de multiples divinités sous différents aspects qui se complètent mutuellement. Nos Dieux s'expriment dans le Tonnerre, le Soleil,
la Terre et dans toutes les forces de la Nature. Et ainsi, en contemplant la Nature, et ses Lois, nous pouvons approcher l'esprit des Dieux. Les Dieux résident dans les montagnes, les rivières,
les arbres des forêts et tous les lieux que l'Homme considère comme sacrés. Pour les Druidisants, le lieu où ils prient n'est pas seulement lié à la « topographie », il a aussi un sens, une histoire,
un « esprit ». Et puis, les Dieux guident les Hommes et les peuples, ils les inspirent et les aident lors des grands passages de leur vie. Mais les Dieux sont bien plus que cela encore,
ils sont force de Vie, expérience, conscience, existence absolue. Si la plupart des druidisants sont polythéistes et se reconnaissent dans ces principes, quelques uns révèrent le divin
sous d'autres formes, déiste, théiste, panthéiste, hénothéiste, moniste, animiste. La seule constante reconnue est qu’il s’agit d’un culte païen. D'autres se sentent moins liés à l'esprit du
lieu ou à celui des ancêtres. Ces différentes approches nous confortent dans l'idée que la Tradition druidique permet la pluralité des approches qui, loin de s'exclure, s'enrichissent et se
combinent comme autant de reflets de la diversité de nos compréhensions. Nos lieux de vie, nos environnements sont une autre clef qui permet d'expliquer la diversité (relative) de nos pratiques
et de nos approches. De la même façon que la Nature d'une Terre influe sur la nature de ce qui y croît, elle influe également sur nos façons de vivre la Tradition Druidique. Une autre clef
se trouve dans nos histoires personnelles ou collectives que le druidisme reconnaît comme des éléments déterminants dans notre compréhension du Monde. Il n'y a pas de Vérité Unique et Universelle
mais de multiples façons de concevoir le Monde et d'honorer les Dieux. Ces diversités enrichissent nos parcours spirituels, nous incitent à la réflexion, à l'analyse, à la compréhension, et à la tolérance.
Le Druidisme est en capacité d'exprimer toutes les nuances de conception du divin. Qui sont autant de facettes d'une réalité inexprimable.
6) Le Druidisme offre une certaine lecture du monde, une sapience, une discipline de vie. Sans dogme il nous invite à la recherche, au travail, à l'ouverture et délivre peu de messages « moraux ».
Il s'attachera plutôt à comprendre ce qu'est une relation juste et honorable de l'Homme avec toute chose. Pour le Druide, l'homme assume la pleine responsabilité des suites réelles de ses actes,
indépendamment de l'esprit avec lequel ses actes ont été posés. Parmi les valeurs que respectent les Druides, la véracité, le courage, la responsabilité, le respect de la Vie et le « sacrifice » aux Dieux.
Pour les Druides, l’Homme tend à son propre accomplissement par la pratique des trois Devoirs primordiaux : honorer les dieux, ne rien faire de mal et cultiver le courage et l’honneur.
Par ailleurs, le Druide ancien était fondamentalement un érudit, pratiquant le droit, la médecine, l’enseignement, la poésie, la divination… Le Druide contemporain se doit donc d’être un étudiant
permanent, et se doit de se pencher sur les arts et les sciences anciens et modernes, ainsi que sur la pratique de techniques souvent qualifiées d’ésotériques. Le druidisme a souvent
été qualifié d’ailleurs de voie de la connaissance.
7) Les Dieux s'honorent par la prière, la méditation, le rite et le sacrifice. Le sacrifice est un acte universel par lequel l'homme s'approche des Dieux et leur rend hommage.
Le Druidisme actuel a abandonné les usages antiques et en particulier le sacrifice animal. Le sacrifice rituel (adberto) est constitué par une offrande végétale ou parfois carnée,
faite de beurre clarifié ou d’huile, de fleurs, d’encens, de brochettes de viande, de céréales et « d’eau-de-vie ». L'offrande peut être brûlée dans le Feu sacré, déposée dans une fosse,
dans la Terre, confiée à l'eau d'une rivière ou de la Mer, lancée et élevée en l’air... L'offrande, c'est aussi l'attitude de tous les jours, notre comportement dans la société, nos engagements
pris librement à titre personnel dans la société, nos familles. Le Druidisme ne se vit pas que dans le temps des cérémonies, il est une voie d'action, au quotidien. Même si les grandes
enceintes sacrées de l'antiquité n'existent plus, les Druides, Bardes, Vates, Gutuatres (selon leur spécialisation…) continuent à officier dans la nature, dans des lieux consacrés pour
l'occasion mais aussi dans des espaces aménagés de façon permanente pour le rite. Les rituels druidiques sont gratuits et beaucoup sont libres et ouverts à toute personne qui se présente
avec respect. Ils peuvent être de plusieurs natures, externes ou saisonniers, qui émaillent la roue de l'année sacerdotale, mais aussi propitiatoires, d’harmonisation, de protection… Les
Druides sont aussi au service de tous lorsqu'il s'agit de célébrer les grands moments de la vie et en particulier de mettre en œuvre les rites de passage comme la célébration des naissances,
la reconnaissance conjugale, l'assistance aux funérailles. Mais le druidisme à l'instar de nombreuses religions antiques est aussi une religion à « mystères » dont certains aspects ne se
délivrent que par l'initiation, la progression et le travail individuel. Elle se double donc d’une vision plus « ésotérique » de l’Univers, considérant par exemple que le macrocosme et le
microcosme sont faits à l’image l’un de l’autre, sur trois plans : corporel et matériel, spirituel ou informel, animique et subtil. Dans cette vision, l’esprit de l’Homme, qu’on appelle Anamon,
« âme », est immortel et toute créature est assujetie au cycle de la métempsychose ou des réincarnations. Le druidisme est donc une religion dont la nature et la portée s'enrichissent,
s'éclairent au fur et mesure de notre progression. Progression qui ne s'opère pas par l'exclusion mais par l'assimilation. Le Druidisme contemporain tente, à travers le mythe, de transmettre
les codes culturels, la vision philosophique et religieuse ainsi que tous les concepts liés à la culture Celte dans son ensemble. Il se doit de répondre aux besoins multiples de l'Homme
(dans toutes ses dimensions), par ses rites sociaux, ses rites de passages, ses rites saisonniers, sa magie, ses initiations, ses intuitions "métaphysiques".
A l'instar du druidisme antique, il peut s'enorgueillir de prôner le juste, le vrai et le beau en toutes choses.