Altitona, Bosquet Druidique

Le rituel Druidique

Altitona

« Le fait général du rite est universel. C'est plutôt une société dépourvue de tout rituel qui serait une anomalie ", Jean Cazeneuve

Le rituel satisfait un besoin inné de l’humain de traduire en gestes, en paroles, en actes ses rapports avec un mythe constitutif qui donne du sens à son existence. Le rituel est un opérateur symbolique qui, d’une certaine manière, cherche à résoudre l’angoisse existentielle propre à notre espèce. Ces implications vont au delà de ce qu'il présente extérieurement Le rituel confère un caractère sacré à l’existence humaine en l’accordant à l’ordre qui semble s’exprimer dans les mouvements du cosmos et de la vie. Il propose une aventure à la pensée, une quête de sens et en cela il porte l'espoir.

Ainsi le rituel nous fait il basculer d’un désordre « profane », ordre conventionnel à un ordre supérieur qui s'adresse à l'essence de l'être. Le rituel oscille toujours entre deux ordres, l'ordre profane et l'ordre sacré. Ordre/désordre qui doivent trouver leur équilibre pour que les individus stabilisent leur vie émotive. En cela il porte des facteurs de « guérison » de l’âme.

" Le sens profond de tous les rituels nous semble clair : pour bien faire quelque chose, ou refaire une intégrité vitale menacée, il faut d'abord retourner ad originem puis répéter la cosmogonie. »
Mircea Eliade

Le mot « rite » vient d'une racine sanscrite « rita » qui signifie « ce qui est semblable à l'univers ».

Le rituel druidique parle de mort... de vie, d’ombre... de Lumière, de cycles saisonniers de cycles de la Vie, d’éléments fondamentaux et de Dieux ancestraux… Toutes choses qui ramènent l’humain à l’Universel, aux lois de l’Univers, à l’Ordre Sacré des choses. Dans le rituel Druidique l’ Homme n’est plus seul face à un monde incompréhensible mais il est « debout » face à ses Dieux, au sein d’une nature sacrée, vivante et respectée.

Le rituel est un mariage, une sorte de danse sacrée avec les Dieux et les Esprits vivants de la Nature. Pas une marche douloureuse vers un ailleurs incertain, mais un dialogue joyeux entre les dimensions matérielles et spirituelles toutes deux inscrites en nous. La logique symbolique met en scène les émotions. Elle ne les refoule pas. Pourtant, elle permet le recul par rapport au vécu immédiat et d'une certaine manière permet de donner du sens à des choses qui ne peuvent être maîtrisées avec la raison.

Le rituel Druidique est une fête .

Pourtant le rituel est aussi un acte sérieux, épanouissant et libérateur. Car il porte un sens profond, une connaissance, naissance commune à Soi et à l’Autre. Il change le regard que nous portons sur le monde.

Comme le dit Denis Jeffrey : « le regard rituel permet à juste titre de renouer avec l'enchantement de l'existence «

A la fois vertical et horizontal il relie l’Homme au Sacré en nommant ce qui donne du sens à son existence. Il relie aussi les vivants au clan, à la famille, à la tradition, aux ancêtres.

Mais il n’a de sens que lorsqu’il est accompli avec une intention profonde et authentique; Sinon il est spectacle, apparat, faire semblant.
Le rituel est à la fois une affaire de tradition et d’inspiration et toute sa richesse vient des équilibres subtils qui s’établissent entre ces deux pôles.

Sans le souffle de l’inspiration il devient dogme stérile, sec et sans vie. L’Homme ne vit pas, il obéit. Sans tradition il est l’expression des fantasmes, de nos illusions, de nos folies les plus extrêmes. Le rituel est une initiation à l'écart, celui qui civilise nos besoins et qui nous conduit hors de la violence de l'indifférencié.

Chacun de nos rituels est une re-création, une revivification de nos liens au sacré et pas seulement une soumission à la « lettre » synonyme de mort. Lorsqu'il est répété sans énergie le rituel est mort, parce que pure convention.

Les anciens Druides le savaient sans doute, eux qui proscrivaient l’écriture pour les questions sacrées. Pourtant les relations qui lient les Hommes à l' »Autre Monde » doivent rester dans le domaine de conventions intouchables.

Paradoxe !

Ne vous étonnez donc pas si nos rituels sont peu ou pas écrits. Si l’inspiration du moment, la « présence » modifie le déroulement habituel du rituel. Ne vous étonnez pas de cette spontanéité naturelle où l’émotion a toujours sa place. Elle fait partie de la Vie et est invité dans nos célébrations. Ne vous étonnez pas non plus d'entendre conter, dire, narrer. Comme l'émotion la narration qui nous rattache à la tradition et aux mythes constitutifs est indispensable au rituel.

Nuin ( Ancien Chef de l’OBOD ) disait du rituel qu’il était de la poésie en actes.

Il y a de nombreuses formes de rituel ou de nombreuses intentions. Tous doivent susciter l'émotion. Emotion qui est à l'origine de la puissance du rite car c'est elle qui oriente l'existence. Le rituel opère autant pour calmer les émotions lorsqu'elles sont trop fortes que pour les susciter lorsque la vie le demande.

Il y a de nombreuses formes de rituel. Les célébrations saisonnières mais aussi les rites de passages qui ont lieu à chaque fois que l'individu subit une transformation importante. Naissance, adolescence/maturité sexuelle, aggréagtion à un groupe, mariage/divorce, vieillesse, mort... Ces rites de passages qui, nécessaires, sont pourtant si souvent oubliés. Ils permettent de maitriser l'émotion, la souffrance, il permettent d'être Homme parce qu'ils parlent d'ordre, de transgression, de frontières qui bordent nos indentités et participent à l'ordre sacré du Monde. D'une certaine manière ils nous montrent le chemin pour réinventer nos vies.