» Les âmes, descendent du ciel sur la terre et remontent de la terre au ciel par deux portes : l’une, celle du Cancer, est appelée la porte des hommes, parce que c’est par elle qu’on descend sur la terre ; l’autre, celle du Capricorne, est appelée la porte des dieux, parce que c’est par là que rentrent les âmes qui viennent reprendre place parmi les dieux. C'est par ces portes , comme nous l'avons déjà vu plus haut , que les âmes étaient cessées descendre vers la terre, et remonter de la terre aux Cieux. C'est pourquoi, continue Macrobe, on appelle Tune , la porte des Hommes , et l'autre , la porte des Dieux Le Cancer était celle des hommes , parce que les aines étaient censées descendre par là vers la terre et le Capricorne , celle des Dieux , parce que c'était par le Capricorne , qu'elles remontaient vers le siège de leur propre immortalité , et qu'elles allaient se placer au nombre des Dieux « Commentaires sur le Songe de Scipion Macrobe
Au cours de l’année, la Terre connaît deux grandes phases l’un d’ascension, l’autre de descente. Du solstice d’hiver au solstice d’été, la durée du jour augmente. Du solstice d’été au solstice d’hiver, elle décroît. Les équinoxes marquent les termes médians de ces deux phases Sous nos latitudes, le cycle solaire avec ses apparentes mort/renaissance ainsi que le cycle de la végétation qui lui répond structurent la roue de l’année par leurs points extrêmes et leurs points d’équilibres
Le fait que ces cycles soient liés aux cycles de la Lumière et de la Vie nous semble une évidence . Ce qui l’est un peu moins c’est qu’ils peuvent aussi être liés aux cycles de l’esprit. Très classiquement, les deux luminaires, sont liés à différentes fonctions conscientielles. Le Soleil, l’œil qui voit loin est généralement associé au principe rationnel , masculin, au cerveau gauche, analytique, tandis que la Lune et ses capacités « réflexives » est associée au psychisme, au cerveau analogique, au rêve. L’antiquité prête à ces astres des effets sur les cycles de l’âme.
Entendons l’âme comme étant à la fois un principe de vie et de conscience.
Les cycles solaires et lunaires sont marqués par différentes phases remarquables. Mais il est facile de distinguer les deux points d’équilibre, équinoxiaux et deux points « extrêmes » solsticiaux. Points que l’on retrouve inscrit dans la pierre de certains monuments mégalithiques. Intéressons nous à ces points extrêmes que constituent les solstices Dans de nombreuses traditions on parle de portes solsticiales. On pourrait également parler de « nœuds » Le Solstice d’été est dit porte des Hommes, le solstice d’hiver est dit porte des Dieux Le premier correspond à la plus haute manifestation physique de la Lumière et donc à la « génération », au cycle descendant , le second correspond à la plus basse Lumière, à la plus grande intériorité, et donc à l’initiation ou passage dans le Monde des Dieux.
La porte des Hommes annonce une naissance dans le monde du vivant, la porte des Dieux annonce une naissance dans le monde des esprits . Dans la tradition ancienne, la Voie Lactée est le véhicule (symbolique des Eaux ) qui permet aux âmes de s’incarner (en juillet-cancer) pour vivre en suivant plusieurs cycles annuels. Ensuite surviendra la mort et la descente dans le monde du dessous. (novembre) suivi de la remontée sur la terre pour aider à la fécondation de la nature et ainsi poursuivre la route. (en janvier-Capricorne) sur la grande roue de la vie.
La tradition Hindoue se fait le reflet de ceci lorsqu’elle parle de Devayana ( voie des Dieux ) lorsque le Soleil est en phase ascendante et pitri-yâna, (voie des ancêtres ) en phase descendante et qui concerne ceux qui sont issus d’un cycle précédent. Du solstice d’été à Samonios, l’Homme se rapproche progressivement du chaudron . En même temps les forces de vie, arrivent à maturité (produisant des fruits pour le cycle à venir) et en même temps se spiritualisent.
Pendant cette période et jusqu’au solstice d’hiver, la Lumière va décliner, les levers héliaques descendre progressivement vers le sud , les jours raccourcir. Le chaudron lui-même n’est pas seulement un symbole matriciel , il est le récipient sacré dans lequel se reflète le Ciel et par lequel l’esprit se manifeste . Au solstice d’hiver, si le passage par le chaudron s’est fait correctement, la transformation sera complète. Si nous avons su maintenir intacte la petite flamme de l’âme , nous saurons traverser les portes de l’Ombre et de la Nuit et revenir triomphants.
Symboliquement cette porte nous permet de passer de la personne à l’individu, de la circonférence au centre ou encore de la Vie à l’Esprit. Le passage au chaudron qui prend place entre Samonios et le solstice est un moment d’intériorisation , de retour aux racines , à l’essentiel qui seul permet le maintien de la flamme et donc la re-naissance. Après le solstice d’hiver le Soleil levant va reprendre sa course vers le Nord, c’est la voie ascendante , associée à la voie des Dieux Après le solstice d’été le Soleil levant entreprend sa descente vers le Sud , vers la Terre. C’est la voie descendante associe à la voie des ancêtres. Analogiquement et sur une échelle de temps plus courte, ceci trouve son reflet dans les phases lunaires.et même dans le cycle jour nuit.
L'entrée dans la voie des ancêtres a lieu par la porte du solstice d’été celle dans la voie des Dieux au solstice d’hiver. Ainsi cycle après cycle l’Homme va passer par diverses étapes de transformation psychique jusqu’à passer par la porte des Dieux et changer de plan . Nous savons que le soleil se lève au Sud-est et se couche au Sud-ouest au solstice d'hiver. Au solstice d’été il se lève en direction du Nord-est et se couche au Nord-ouest . Depuis la position d’équilibre Est – Ouest deux lignes se dessinent, l’une pointe vers le nord est , le lever héliaque au solstice d’été , la porte des Hommes, l’autre pointe vers le sud est, le lever héliaque au solstice d’hiver et la porte des Dieux
Ceci est illustré par le triban Le solstice d’hiver résonne avec tout ce qui va renouveler un cycle. L’esprit y demeure caché, il n'agit pas encore dans le monde, il murmure à nos oreilles en attendant le temps, la temporalité. Le solstice d’été résonne avec les changements plus matériels , les manifestations, les incarnations ou encore les forces vitales ( Belenos ) épanouies
Au solstice d’hiver nous sommes plus proches du monde des origines , au solstice d’été nous sommes plus proches des puissances de manifestation. C’est pourquoi dans certains de nos rituels, nous choisissons ce moment pour prendre des engagements sur l’épée unie à la Terre. Symbole d’union et de fécondation. Une union qui « génère » symboliquement le monde en tous cas invite les choses à se manifester.
La tradition druidique nous invite à considérer ceci sur le plan dynamique, celui qui résulte du mariage de l’ombre et de la lumière , du dessous et du dessus , du Ciel et de la Terre Dans les rituels solsticiaux la place du feu est importante lors du solstice d’été nous allumons un feu sacré composé d’essences spécifiques et disposées d’une certaine manière .
Ces différents bois et le mode d’assemblage nous parlent de différentes états ou de différentes énergies. Nous chantons, nous marchons ( dansons ) en cercle symbolisant ainsi les mouvements de la Grande Roue. Lors du solstice d’hiver, le feu est devenu une faible lueur, parfois il est allumé à partir d’une partie du feu d’été. Ici il s’agit de Lumière intérieure, de verticalité, d’illumination en Soi . Le feu visible laisse place à une Lumière invisible , intérieure qui touche au Centre , à l’axe du Monde
Les questions d’orientation (au sens large ) sont plus complexes qu’il n’y paraît selon que l’on se place dans l’une ou l’autre des positions ( le point de vue ) ou selon que l’on se place du point de vue de l’observateur ou de la chose observée. Comprendre ce qui génère ces différences , c’est aussi comprendre le sens profond des différentes traditions ainsi que leur cohérence .
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