Que la route descende à ta rencontre
Quel le vent souffle dans ton dos
Que le Soleil éclaire ton chemin
Et pendant que tu es loin
Qu'une pluie fine arrose ton, jardin
Que les Dieux te protègent
Et te gardent en leurs mains

Il est une pratique très simple et très efficiente c’est la marche sacrée. Celle qui consiste à aller à la rencontre d’un lieu avec ses particularités , ses accidents géographiques, ses bâtiments, des rochers, ses « noms » qui d’une certaine manière vont entrer en résonance avec ce qui nous constitue.

Le parcours extérieur devient ainsi un parcours intérieur , et la marche sacrée devient une « Queste « , l’occasion d’une rencontre de Soi ;
Pour nombre d’entre nous, marcher dans une forêt, autour d’un lac, sur les chemins sinueux qui mènent au sommet d’une colline est l’occasion de faire une pause.
C'est celle de lâcher prise par rapport à nos préoccupations quotidiennes et de libérer notre esprit qui deviendra plus sensibles aux stimulations subtiles qui habituellement restent à la porte de notre conscience.

C’est donc à l’approche de cette porte que nous entreprendrons notre marche.
Notre petit groupe se rassemble là au pied de la colline. Un sentier étroit se déroule devant nous en montant entre de grands hêtres puissants. Cette porte est là devant nous , deux rochers de part et d’autre du chemin qui semble marquer un seuil.

Par un petit rituel , nous marquons notre volonté de parcourir le chemin, en silence, à la rencontre de l’esprit du lieu , à notre propre rencontre.

La lente ascension que nous allons entreprendre sera à la fois une montée physique, symbolique, énergétique, spirituelle.

L’étroitesse du chemin fait que nous ne pourrons cheminer que les uns derrières les autres ? Cela nous permettra aussi ne nous recentrer sur nos propres impressions.
Parfois l’un de nous s’arrête, pour toucher un arbre, un rocher, pour « entendre » ou pour « voir ».
Impressions fugitives qui participent à la magie du « pèlerinage »

Car nous n’avons pas choisi le lieu au hasard , il s’agit d’un endroit chargé d’histoire et chargé d’histoires. Les rochers, les sources, les chemins ..ont un nom ici.

Avant de partir , l’un de nous avait pris la parole. Pour nous expliquer, nous dire l’histoire du pays, nous faire toucher ses mystères. Maintenant , chacun, en silence , avance sur une Terre sacralisée par le mythe.

C’est dans cet état d’esprit que nous arrivons à la première station.
Près d’une source qui s’écoule à flanc de colline. Le reliquat d’anciennes « offrandes » montre que nous ne sommes pas les seuls à honorer les sources.
Pourtant il faut un peu marcher pour y arriver .

Ce retour aux vieux cultes de la nature est plutôt rassurant.

Nous nous rassemblons en arc de cercle autour de la Source. Est-ce le fait du silence intérieur  comme extérieur mais nous sommes sensibles à son chant. Quelque chose de cristallin , aigu et léger.

Le rituel à la Source est tout aussi léger et fluide. Nous appelons les esprits présents, ceux des Nixes ,l’esprit de « celles des sources ».

L’eau est là pure, intacte, elle porte en elle la mémoire de la Terre, la mémoire des profondeurs. Elle nous abreuve et nous purifie.
Le rituel de lustration n’est pas que cela , il permet à tous d’offrir un terrain « vierge » , une feuille blanche à l’inspiration . Il nous permettra aussi le contact avec les énergies profondes de la Terre Mère ;
Chacun tient ses mains en coupe et reçoit un part de l’eau sacrée puisée dans un récipient d’albâtre.

Le rituel qui s’en suit ressemble par certains points à ce que l’on trouve ici et là dans les anciens usages dits « superstitieux » . Il nous permettra de défaire les nodosités « énergétiques » qui entraveraient la suite de notre parcours et de mettre en mouvement ce qui en nous répond au mouvement de l’eau vivante .

Nous continuerons notre chemin, dans un état d’esprit nouveau , prêts à continuer notre ascension vers la seconde station .
Certains diront plus tard qu’il leur a semblé que leur niveau d’énergie et d’attention était monté d’un cran lors du passage à cette source. Leur permettant ensuite de vivre la suite du parcours sur « le dos du serpent »

C’est après avoir remercié la source par un chant improvisé que nous continuons notre chemin vers le haut de la colline ;

Un ancien chemin qui s’élève dans un paysage un peu plus minéral. Nous nous approchons d’un « haut lieu » , lentement avec respect.

Notre groupe se plie à un rituel d’approche. Il nous faut demander la permission pour aborder la « pierre » , suivre les usages et marquer notre déférence.
La pierre est un lieu « magique » monumental en partie naturel en partie artificiel .

Une très grosse pierre est couchée sur le coté et un peu plus loin se trouvent quelques cupules.

En honorant la source nous nous sommes préparés pour recevoir une énergie nouvelle. Ici nous allons pouvoir le faire. L’impression est forte, chaude, puissante. Chaque « charge » augmente encore cette impression de recueillir une force vitale « solaire », fécondante.

Le lieu avait été « activé » . Après notre passage les choses seront remises comme nous les avons trouvées. Nous ne sommes pas là pour prendre uniquement mais aussi pour donner. Don contre don. Le rituel nous permet de mettre ces intentions en actes.
C' est avec beaucoup de respect que nous le quittons pour reprendre notre cheminement.

Parfois certains s’en tiennent là dans leur « visite » d’autres continuent leur cheminement vers le Nemeton, un haut lieu d’équilibre entre le Ciel et la Terre.

Le travail qui s’opère est un travail de guérison . Guérison au sens large , c'est-à-dire un retour aux équilibres primordiaux, sacrés.
Notre montée progressive nous aura permis de nous approcher du centre. Là où se trouve l’axe sacré, le tertre primordial . Ce qui nous relie aux quatre horizons , à nos hauteurs comme à nos profondeurs .

Chacun se trouve seul face à ses Dieux, face à lui-même . Pourtant chacun se sent intimement lié à tout ce qui l’entoure. Aux autres, ses compagnons de voyages, au lieu , aux arbres, à tout ce qui vit, sent et s’accomplit ici.

Le rituel n’est jamais le même , pourtant il s’inscrit dans un ordre immuable.

L’émotion gagne parfois et l’eau de la source brille dans les yeux ;
Parfois c’est le vent qui porte son message et nous inspire
Parfois c’est le Soleil qui éclaire notre vision et nous apporte des réponses .
Mais il est l’heure de partir , la descente est plus « grave » comme si nous regrettions déjà de laisser tout cela .

Le chemin que nous prenons pour redescendre est différent du premier. Plus facile. Nous nous arrêterons à mi parcours près d’un arbre remarquable. Une pause qui nous permet de faire un « pallier »
C’est un lieu relais où nous offrons un peu de nourriture et quelques libations à la Terre .

L’arbre a ses racines profondes et lance ses branches vers le ciel . Il est lien, pont . Son contact nous permet de donner une forme à nos intuitions, à nos impressions qui se bousculent encore suite à notre travail précédent . Si lors de nos premiers nous avions l’envie de parler , au retour c’est tout naturellement que le Silence s’est installé
C’est seulement au retour et après que les portes soient refermées que viendront quelques mots.

La marche se terminera ainsi mais le plus souvent nous nous retrouvons dans un lieu de Paix, pour boire, manger et échanger